Confrérie des Maîtres Brasseurs et Distillateurs de Wallonie asbl

Pèket Une bouteille de pèket et une bouteille de bière Bière
Cuves de brassage

La bière de tradition
Le but de cette rubrique n'est pas de définir, d'expliquer, ou d'analyser toutes les variétés de bières qui sont brassées en Wallonie, et encore moins en Belgique, il y en a plus de quatre cents différentes !
De nombreux livres ont été écrits sur ce thème, la documentation existe donc pour ceux qui voudraient approfondir leurs connaissances.
On va simplement s'attarder sur un peu d'histoire, sur quelques types de bière pour lesquelles quelques explications peuvent être utiles, et sur les principes de fabrication de la bière de tradition.
À titre indicatif et histoire d'illustrer cette grande variété, vous pouvez voir un assortiment de quelques bières belges de tradition.

UN PEU D'HISTOIRE
L'ancêtre que nous connaissons de la bière, la cervoise, était une décoction, un moût de céréales fermentées, orge, seigle ou épeautre (il est à noter qu'en gaulois, épeautre se disait « braces », d'où vient notre mot brasserie).
C'est vers le xe siècle au plus tard, que la bière que nous apprécions aujourd'hui fait son apparition.
Et le mot « bière » qui vient des Flandres (lui-même issu d'une antique racine germanique signifiant orge) s'est imposé en français, en italien, en anglais, sauf en espagnol qui a conservé le vieux terme cervoise sous la forme « cerveza ».
C'est un Flamand, né à Tiegem, près d'Audenarde, Saint Arnould (mort en 1087), évêque de Soissons et abbé de l'abbaye bénédictine d'Oudenburg, qui est le saint patron des brasseurs belges et du Nord de la France (fête le 18 août et à l'occasion du Belgian Beer Weekend le 1er week-end du mois de septembre).
Il avait constaté que les buveurs de bière étaient moins atteints que les autres par les épidémies. Ce qui n'avait rien d'extraordinaire, la bière étant faite avec de l'eau bouillie, mais on cria, bien entendu, au miracle. Et l'iconographie représente notre Saint Arnould plongeant sa crosse épiscopale dans une cuve. Ce fourquet inédit, lui assure depuis des siècles, les sympathies des brasseurs et à Enghien, un vitrail de l'église Saint-Nicolas le représente.
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QUELQUES EXPLICATIONS
Il y a maintenant dans le monde onze bières qui ont l'appellation trappiste : Six en Belgique (qui ont longtemps été les seules), Achel, Chimay, Orval, Rochefort, Westmalle et Westvleteren; Deux aux Pays-Bas, “La Trappe” (depuis 2005) brassée à l'abbaye Notre-Dame de Koningshoeven, et la “Zundert” (depuis 2013) brassée à l'abbaye Maria-Toevlucht; Une en Autriche l'“Engelszell” (depuis octobre 2012), brassée à l'abbaye Stift Engelszell; Une aux USA la “Spencer Trappist Ale” (depuis décembre 2013), produite par l'abbaye Saint-Joseph de Spencer au Massachusetts; Et une en Italie la “Tre Fontane” (depuis le 11 mai 2015), produite par l'abbaye de Tre Fontane (sud de Rome).
Il y a trois conditions à remplir pour qu'une bière puisse avoir l'appellation Trappiste :
  • elle doit être brassée dans l'enceinte d'une abbaye trappiste ;
  • le brassage doit se faire sous le contrôle de la communauté monastique de tradition cistercienne ;
  • les bénéfices doivent être destinés au fonctionnement de l'abbaye et à des oeuvres sociales.
Et, en matière de communication, celle-ci doit se caractériser par la probité, la sobriété et la réserve qui siéent à l'environnement religieux dans lequel la bière est fabriquée.
Les dénominations Trappiste et Bière Trappiste sont protégées depuis 1962.
Le label Authentic Trappist Product est utilisé depuis 1997 et est attribué par
l'Association Internationale Trappiste.
Label Authentic Trappist Product
Il ne faut pas confondre les bières Trappistes avec les bières d'Abbaye. Ces dernières, dont l'appellation est aussi synonyme de tradition et de qualité, ne doivent cependant répondre à aucune des trois conditions requises chez les Trappistes. Mais il doit exister un accord entre le brasseur et la communauté religieuse, ou l'autorité ecclésiastique si l'abbaye a disparu, pour l'utilisation du nom, contre le paiement de royalties.
En réaction à la création du label Authentic Trappist Product, la Confédération des Brasseurs Belges (Belgian Brewers) a créé son propre logo “Bière Belge d'Abbaye Reconnue” dont elle est propriétaire, et ne l'attribue qu'à ses membres. Il est important de savoir que l'attribution de ce logo n'entraîne aucune obligation d'un point de vue qualitatif. Les bières d'abbaye non reconnues ne sont donc pas de moindre qualité, elles ne répondent tout simplement pas aux critères de la Belgian Brewers.
Depuis le 8 novembre 2007, un nouveau label a été créé par les plus anciennes brasseries belges familiales, le Belgian Family Brewers. Pour qu'une bière puisse être estampillée de ce label il faut :
  - qu'elle soit brassée en Belgique ;
  - par une brasserie familiale indépendante et qui brasse sans interruption depuis au moins 50 ans ;
  - et qu'elle soit une bière unique, sans aucune copie sous un autre nom ni sous une autre étiquette.

Avec ce label de qualité, il n'existe aucun doute sur le caractère belge et le procédé de production traditionnel de ces bières estampillées.
Par contre le label Belgian Paradise Beer ne garantit pas que la bière a été brassée par un brasseur de tradition belge, car il est aussi attribué à des bières belges brassées sous licence à l'étranger.
Autre spécialité belge, d'une tradition qui remonte aux années 1900, les bières de saison. Il s'agit de bières rafraîchissantes et assez légères. À l'origine, elles étaient brassées dans les fermes (surtout en Hainaut) durant l'hiver, afin de désaltérer les ouvriers saisonniers durant les moissons.
Quant aux bières Blanches, qui sont actuellement fort à la mode, elles n'ont été relancées à la production qu'en 1966, alors que ce type de bière avait totalement disparu. La région d'origine de la blanche est Louvain et ses alentours. Elle est aujourd'hui produite un peu partout. Les blanches sont des bières brassées à partir d'orge et de froment non malté, et des épices, dont le secret est bien gardé, lui confèrent sa fine saveur. Ce sont des bières de fermentation haute et non filtrées, ce qui leur donne cet aspect laiteux et est à l'origine de leur nom.
Intérêts nutritionnels de la bière : La bière est une boisson légère, peu alcoolisée, peu calorique et naturellement vitaminée puisque issue de céréales (vitamines PP, B, magnésium, potassium). C'est une boisson hydratante et diurétique. La levure de bière purifie le sang, reconstitue la flore intestinale et avive le teint.
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PRINCIPES DE FABRICATION
En général il faut 8 litres d'eau pour 1 litre de bière. La qualité de l'eau est primordiale pour la qualité de la bière.
Le malt est de l'orge germée et torréfiée. Une torréfaction légère pour les bières blonde et une torréfaction plus forte pour les bières brunes. C'est l'orge malté qui donne, à terme, le corps et l'alcool à la bière. L'amidon, contenu dans ses grains, se transforme en sucre lorsqu'il est trempé dans de l'eau chaude. Le degré de torréfaction détermine la couleur et l'arôme.
La levure est un micro-organisme qui rend la bière vivante et évolutive. On connaît trois grands types de levures, elles ont chacune leurs caractéristiques aromatiques propres.
La lupuline contenue dans les fleurs femelles du houblon apporte l'amertume nécessaire au goût rafraîchissant de la bière.
Le brassage et la filtration :
Les grains de malt (de divers types) et de céréales (selon la bière) sont concassés pour obtenir une farine, que l'on appelle la “mouture”. Ce concassage a pour effet de libérer l'amidon. Cette “mouture” est ensuite mélangée dans une cuve avec de l'eau (d'une température d'environ 50 °C) soit par décoction ou soit par infusion (ancienne méthode), pour obtenir une pâte liquide épaisse. Cette opération s'appelle “l'empâtage”. Cette masse liquide est chauffée en respectant certains paliers de température, pour la conversion des amidons en sucres fermentescibles et favoriser la dissolution des éléments solubles du malt et des céréales. On obtient alors un jus sucré que l'on appelle la “maische”.
La “maische” est pompée vers une cuve de filtration pour séparer la partie liquide que l'on appelle le “moût”, de la partie solide constituée des enveloppes des grains et des résidus non solubles, que l'on appelle la “drêche” (revendue pour l'alimentation du bétail).
L'ébullition :
Le “moût” est amené dans une cuve d'ébullition où il va bouillir durant une à trois heures. C'est au cours de cette cuisson que le houblon et d'autres ingrédients (coriandre, miel, écorces d'oranges amères, etc.) sont ajoutés. La quantité et la variété du houblon varient selon le type de bière, et les ingrédients selon le goût spécifique que l'on veut donner à la bière. Cette ébullition rend le “moût” stérile.
Quand l'ébullition est arrêtée, on laisse reposer un peu le “moût” pour qu'il se décante, puis il est clarifié. Ensuite, il est envoyé dans un refroidisseur pour que sa température soit ramenée à environ 20 °C.
La fermentation :
Le “moût” ainsi refroidi est alors envoyé dans les cuves de fermentation, et c'est à ce moment-là que l'on ajoute la levure. Cette fermentation, selon le type de bière, dure entre 3 à 7 jours pour que les sucres du “moût” se transforment en alcool et en gaz carbonique. À la fin de cette fermentation, le “moût” est devenu bière mais pas encore consommable. Étant donné que cette fermentation se déroule à une température d'environ 18 à 32 °C, on parle d'une fermentation haute.
La levure excédentaire est éliminée, puis la bière est refroidie à environ 4 °C avant d'être pompée hors de ces cuves.
La garde :
Cette bière est alors mise en cuves de garde pour vivre une période de maturation. Elle y reposera durant 2 à 5 semaines et maintenue à froid (entre 1 à 15 °C selon le type de bière). Cette garde permet à la bière de se stabiliser et de s'affiner (goût et arôme).
Après cette période, la bière est à nouveau filtrée. Sauf pour certaines bières comme les blanches, qui doivent être troubles lors de la dégustation.
Le soutirage et l'embouteillage :
Avant l'embouteillage, un peu de sucre liquide et de levure fraîche sont mélangés à la bière. Ce procédé apporte une bonne teneur finale en alcool, un pétillant naturel et une mousse onctueuse. Ces deux ingrédients sont essentiels pour permettre la seconde fermentation en bouteille.
Les bières sont ensuite embouteillées, puis entreposées dans une chambre chaude à température constante entre 15 à 25 °C pendant 12 jours à 5 semaines selon le type de bière et pour permettre cette fameuse refermentation.
Ces bières n'étant pas pasteurisées, laissez-les mûrir dans votre cave, toujours debout, pour couronner le travail du brasseur.
Et comme tout se termine en chanson, (re)découvrez « La bière » du poète Antoine Clesse.
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Un alambic

Le pèket de tradition
Le pèket est un alcool essentiellement à base de céréales et aromatisé à la baie du genévrier. Ce petit conifère de la famille des cyprès possède une odeur aromatique résineuse et une douce saveur sucrée.
Le pèket faisait partie intégrante de la vie économique et sociale des Wallons, et était lié au développement de l'agriculture locale.
Considérable dès le XVIe siècle, la consommation du pèket en Wallonie a crû jusqu'au début du XXe siècle. Aujourd'hui, malgré qu'il soit exporté jusqu'au Japon, sa production a fortement diminué et il ne reste que cinq distilleries de tradition en Wallonie (consultez les Producteurs de tradition).
Le pèket est, depuis 2006, une appellation protégée. Pour pouvoir s'appeler “pèket” ou “pékêt” il faut que ce soit une boisson à base de grains, coriandre, clous de girofle et baies de genévrier, qu'il y ait 30 % vol. d'alcool minimum et que ce soit fabriqué en Wallonie.

COMMENT EST FAIT LE PÈKET
Les céréales (orge malté, seigle, blé, maïs et avoine) sont stockées dans un grenier, où elles sont ventilées et dépoussiérées continuellement.
Les céréales sont ensuite transformées en farines dans des moulins.
Les farines sont cuites et malaxées dans les tambours de cuivre à une température de 65 °C durant 3 à 4 heures 30, par quantité de 5 tonnes (les proportions varient selon les qualités du pèket).
À la fin de la cuisson, on extrait par diastase de la pâte obtenue, les sucres naturels (phase de saccharification).
On incorpore des levures (40 kg pour 500 hectolitres) qui permettent la fermentation alcoolique des sucres, durant 2 à 3 jours.
Le liquide pâteux ainsi obtenu a un degré très faible d'alcool. On va alors lui faire subir une distillation par chauffage, les vapeurs d'alcool vont s'évaporer, passer dans une colonne de distillation pour donner un premier alcool appelé “flegmes” et titrant environ 35°. Puis il est repassé en alambic auquel on ajoute des baies de genièvre pour l'arôme (environ 900 gr pour 3000 litres d'alcool).
Fonctionnement d'un alambic
Le pèket vient de naître, mais il faut encore l'élever : il reste sous bois et mûrit lentement, un à cinq ans dans des fûts de chêne, ce qui lui donne sa souplesse et sa belle couleur ambrée. Certains pèkets ont plus de cent ans !
Il accompagne savoureusement les huîtres, le saumon fumé ainsi que tous les poissons et convient admirablement bien dans les préparations culinaires.
La mode actuelle nous à fait découvrir des pèkets nouveaux de toutes les couleurs, par macération de fruits, citron, pomme verte, cassis, prunelle, pamplemousse, fruit de la passion, etc. Pour ces pèkets aux fruits, le degré d'alcool se situe autour de 20 °C. Ils se boivent frais, aussi bien à l'apéritif que pour accompagner un dessert et, en toute circonstance de convivialité.
Et pour terminer, comme il n'y a pas de chanson (connue) sur le pèket, une parodie populaire d'une citation de Gustave Flaubert : « Il faut être assez fort pour se griser avec un verre d'eau et résister à une bouteille de pèket ! »
À boire avec modération, l'abus d'alcool est dangereux pour la santé.
Dernière mise à jour : 19/12/2015
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